Dialogue social : la Bretagne montre l’exemple

PREMIÈRE. C’est unique en France. Les organisations patronales et syndicales (hors FO) de l’agroalimentaire breton ont créé une instance régionale du dialogue social. Une action concrète sera de dynamiser la formation professionnelle.

Les réunions mensuelles de l’instance bretonne du dialogue social seront des moments de dialogue, de réflexion, d’antici‑pation et de propositions entre les organisations patronales (Abea et CGAD) et les syndicats de salariés impliqués (CFDT, CGT, CFTC, CFE-CGC). « L’idée est de faire ce qui ne se fait pas ailleurs, puis dans un second temps d’aller vers les Pouvoirs publics ou d’autres instances», explique Jean-Luc Cade, direc­teur de l’Abea (Association bretonne des entreprises agroalimentaires).

« Ce lieu existe au plan national et dans les entreprises, mais il manquait un niveau intermédiaire. Pour une région agroalimentaire aussi forte, il y a une réalité régionale à prendre en compte », déclare Louis Baron, secré­taire général CFDT Bretagne. L’idée était ancienne, les difficultés de 2013 ont servi de déclencheur.

Développer le dialogue social

« C’est une des responsabilités de l’instance, que de faire comprendre l’in­térêt du dialogue social aux entreprises où il n’existe pas, pour que, par exemple, aucune ne passe à côté des négocia­tions annuelles», souligne Thierry Gourlay, secrétaire régional de la CGT.

Comment? « On ne peut pas se substituer aux entreprises, mais cela passe par de la communication et de l’influence », répond Jean-Bernard Solliec, vice-président de l’Abea et administrateur de Ronsard. Pour l’Abea, le dialogue social est moteur d’efficacité à travers l’amélioration des conditions de travail. En 2014, l’association a renouvelé le concept de son club TMS en associant les représentants du personnel et en élargissant la problématique à l’ensem­ble des questions de santé. « Une dou­zaine d’entreprises sont engagées dans le sujet, les résultats seront remontés à l’instance pour capitaliser dessus », indique Jean-Luc Cade. Un colloque est annoncé en décembre 2015.

Gagner en anticipation

« Il y a autour de la table une convic­tion partagée, c’est que l’agroalimen­taire en Bretagne a un avenir», affirme Louis Baron (CFDT). Pour cela, l’ins­tance doit permettre d’anticiper les évolutions technologiques, écono­miques et stratégiques, qui impacte­ront les métiers, afin de s’y préparer.

Aurait-on pu éviter les licenciements de Gad? « S’il y a avait eu cette ins­tance, les salariés concernés auraient été mieux préparés, notamment grâce à des formations en amont », répond Yannick Dubois pour la CFTC. « Nous aurions partagé les enjeux, tels que la concurrence déloyale allemande et la surcapacité bretonne, que les entre­prises avaient identifiés dès 2008. Ensemble, nous aurions pu encourager des rapprochements qui n’ont pas pu aller à leur terme et dire que certains acteurs allaient au suicide », analyse Jean-Bernard Solliec.

Améliorer la formation professionnelle

« Nous voulons le maintien voire le développement de l’emploi, cela demande de dynamiser la formation professionnelle », déclare Armelle Benoist, présidente régionale CFE-CGC Agro. « Quelle que soit la qualité des établissements, force est de constater que les formations ne répondent pas aux attentes des entreprises. Dans la mesure du possible, l’objectif est de les faire évoluer vers les métiers pour lesquels les entreprises ont du mal à recruter », commente Jean-Pierre Dubois pour l’Abea. D’autant que la dernière réforme de la formation professionnelle donne plus de poids à l’échelon régional. La nouvelle loi a créé le Coparef (Comité paritaire inter­professionnel régional pour l’emploi et la formation), qui choisit les formations éligibles. « Très concrètement, avec le poids du paritarisme, nous allons proposer au Coparef des formations éligibles au compte personnel de formation », indique Louis Baron. « Si on fait bien le boulot, il n’y a pas de raison que cette instance ne s’approprie pas nos propositions», conclut Jean-Bernard Solliec.

Proccess Alimentaire - Février 2015

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