RENCONTRES DE L'U2P : DISCOURS DE Laurent MUNEROT à Alain GRISET

Le 24 septembre dernier, lors des rencontres de l'U2P, le Président Laurent MUNEROT a livré un discours en présence d'Alain GRISET, ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises.

Monsieur le Ministre,

Cher Alain,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Mesdames et Messieurs les Présidents,

Mesdames et Messieurs, chers amis,

Nous avons eu des nouvelles hier soir et ce matin sur les fermetures d’établissement, à Marseille notamment.

C’est un choc pour chacun d’entre nous. Un choc car cela va toucher des confrères qui seront mis en difficulté par ces fermetures administratives. Un choc aussi car cela ne va pas dans le sens que nous souhaitions donner à cette journée – un sens que tu apprécieras j’en suis sûr : donner confiance à notre secteur d’activité.

Si nous avons maintenu ce congrès, malgré tout, dans le strict respect des règles sanitaires, c’est aussi pour traduire notre ambition : maintenir l’activité et permettre aux chefs d’entreprise de proximité d’exercer leur métier sans être suspendus aux aides qu’on voudrait bien leur donner.

Bien sûr, les aides sont nécessaires. Mais les annonces récentes du gouvernement sont un bouleversement.

Nous craignons également qu’elles aient des conséquences sociales. Les organisations représentatives de l’hôtellerie-restauration se sont étonnées de ne pas avoir été prévenues, et nous aurions franchement préféré que la réunion qui s’est tenue ce matin avec le gouvernement ait lieu avant de telles annonces.

Nous sommes dans un temps où la colère peut gronder rapidement, et le signal qui vient d’être donné pourrait être terriblement négatif pour l’avenir, pour l’ensemble de nos entreprises. Nous avons connu beaucoup de manifestations sociales – gilets jaunes, grèves contre la réforme des retraites… – qui ont gravement affaibli nos entreprises, et nous ne voulons pas que de nouvelles difficultés s’ajoutent à celles que nous rencontrons déjà.

Voilà en préambule, cher Alain, Monsieur le Ministre, ce que nous voulions porter à ta connaissance.

* Cher Alain, dans mon intervention, je vais continuer à te tutoyer si tu le veux bien, au nom de la relation de confiance que nous avons gardée, maintenant que tu es devenu Ministre et que j’assume la présidence de l’U2P.

Avant d’en venir à la relance et au plan du gouvernement, j’aimerais tout d’abord te dire la fierté de l’U2P et de l’ensemble de nos représentants et chefs d’entreprise que tu aies été nommé membre du gouvernement en tant que Ministre délégué aux petites et moyennes entreprises.

Il s’agit d’un signal très fort pour nos secteurs. C’est aussi la consécration de ton engagement au service des entrepreneurs de la proximité depuis plus de 20 ans, autant dire l’engagement de ta vie.

Je voudrais aussi rendre hommage à ton action en tant que Président de l’U2P et dire comment, en particulier depuis le 17 mars 2020, tu t’es dépensé sans compter pour porter la voix des entreprises de proximité.

Tu as dialogué sans relâche avec le gouvernement pour que le plan de sauvetage déployé face à la crise sanitaire ne laisse aucune entreprise sur le bord de la route.

Au nom de l’U2P, tu as convaincu le gouvernement de faire évoluer de façon pragmatique les outils prévus, en particulier le Fonds de solidarité, pour que ceux-ci puissent soutenir le plus grand nombre d’entreprises possible.

Tu as obtenu qu’à côté des plans de sauvetage sectoriels, soit mis au point un plan pour le commerce de proximité, l’artisanat et les indépendants, présenté le 29 juin dernier.

Chacun dans cette salle a en tête ces mesures qui ont permis aux entreprises de passer la crise et qui demeurent encore, pour certaines d’entre elles, un garde-fou. Le Fonds de solidarité : 1,7 millions de TPE en ont bénéficié.

Le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire a déclaré que le Fonds serait centré désormais sur les entreprises qui font l’objet du plan Tourisme.

A cet égard, nous portons deux demandes.

D’une part que les activités de proximité connexes au secteur du Tourisme puissent toutes être intégrées au plan Tourisme.

 D’autre part que le Fonds de solidarité soit pérennisé comme outil de politique économique à destination des entreprises de proximité.

Il pourrait être utilisé à la mise en œuvre de certaines priorités du Plan de relance, par exemple pour l’accompagnement à la numérisation des TPE.

Le Prêt garanti par l’État : 600 000 entreprises se sont vues accorder un PGE. Les PGE courent jusqu’au 31 décembre 2020.

Le Ministre Bruno Le Maire s’est personnellement engagé pour obtenir du secteur bancaire des taux supportables pour la suite.

A été annoncée la fourchette allant de 1 à 2,5%.

Si on prend en compte la garantie de l’État, il est vrai que ces taux sont très raisonnables.

Pourtant, nous restons préoccupés, nos entreprises devront faire face à l’accumulation des reports de charges (prêts, loyers, cotisations sociales, impôts…).

J’en viens aux reports et aux exonérations de paiement des cotisations sociales qui ont constitué une aide décisive pour des millions de chefs d’entreprise de proximité.

Si le report a été automatique, l’étalement ne l’est pas.

Il ne faudrait pas que les modalités du remboursement des aides coulent les entreprises que ces aides avaient aidées à passer la crise sanitaire.

Enfin, l’activité partielle a été le filet de sécurité pour la sauvegarde des emplois salariés.

En tout, 3 lois de finances rectificatives pour 2020 et des chiffres d’une envergure considérable.

Le Ministre de l’Economie exhorte chacun à garder la conscience des sommes en jeu et nous l’approuvons.

Comme lui et comme toi, nous considérons qu’il ne faut surtout pas augmenter les prélèvements obligatoires et tout faire pour que le remboursement de la dette de la France passe par le redressement de notre économie.

L’autre déterminant du succès de France Relance, ce sont les femmes et les hommes qui mettront les projets en œuvre.

Tu n’as eu de cesse de dire que les petites et moyennes entreprises doivent se saisir des mesures: à la clé 40 milliards d’euros pour les TPE PME.

Nous travaillons d’ailleurs avec ton cabinet depuis cette semaine sur l’élaboration de supports « mode d’emploi » à destination des petites et moyennes entreprises.

Il s’agit non seulement de transmettre l’information sur les dispositifs existants, mais d’offrir un accompagnement à l’ingénierie des projets.

Nous serons attentifs aux indicateurs de suivi, afin que soit visible la part des entreprises de proximité bénéficiaires du plan.

Toi comme nous sommes convaincus que l’implication de nos chefs d’entreprise conditionne pour partie la réussite de ce plan et son ambition gigantesque.

Il s’agit en effet de transformer notre économie en une économie plus verte, plus compétitive et plus inclusive qu’elle n’a jamais été.

Tu l’as dit, le plus important se joue dans l’exécution du plan de relance.

Nous nous félicitons que la réunion hebdomadaire entre ton ministère et les organisations professionnelles, instaurée au début de la crise sanitaire, soit maintenue, pour traiter les blocages dès qu’ils apparaissent.

Dans ce cadre, comme dans chacun de nos échanges, tu restes à l’écoute, direct, proactif et pragmatique.

Je voudrais souligner 4 enjeux économiques du plan de relance pour les entreprises de proximité et pour nos familles de métiers.

Premièrement, l’enjeu de stabilité financière des TPE – je fais le lien avec le renforcement des fonds propres des TPE et la baisse des impôts de production.

Le Plan prévoit l’octroi par les réseaux bancaires de prêts de long terme assimilés à des financements en quasi-fonds propres.

Dans nos entreprises, la question des fonds propres se pose mais les chefs d’entreprise la laissent souvent de côté pour traiter le plus urgent.

 Le plan prévoit en cible que 10 à 20 milliards d’euros de prêts participatifs pourraient être accordés à environ 20 000 TPE, PME et petites ETI.

L’U2P demande que le dispositif soit simple et facile d’accès afin de maximiser les chances des TPE d’en bénéficier, y compris celles qui ne sont pas en société mais en entreprise individuelle.

Sur les impôts de production, tu admettras qu’il s’agit d’une mesure d’abord favorable à la grande industrie, puisque le volet CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises), ne concerne que les entreprises qui réalisent plus de 500 000 € de chiffre d’affaires.

S’agissant de la baisse de la cotisation foncière des entreprises-CFE, l’U2P demande qu’elle concerne toutes les entreprises. Il y va du maintien et de l’encouragement à l’implantation de toutes les activités avec des locaux professionnels.

Nous serons attentifs aux modalités qui seront précisées dans le projet de loi de finances pour 2021 afin de nous assurer que les 130 000 entreprises artisanales industrielles bénéficient de cette baisse.

Nous serons également attentifs à la compensation de la baisse des rentrées fiscales pour les collectivités, afin d’éviter un risque de contraction de leurs dépenses, donc de réduction des marchés publics territoriaux.

Deuxièmement la rénovation énergétique.

Elle s’articule autour de 4 chantiers : les bâtiments privés, les bâtiments publics, les logements sociaux et la rénovation énergétique des TPE/PME.

L’U2P est naturellement très favorable à cet axe du plan qui concerne directement les entreprises artisanales et petites entreprises du bâtiment ainsi que les activités libérales d’architecte et d’ingénierie, et qui représente un enjeu majeur de la transition écologique.

S’agissant des chantiers publics et de l’accès des plus petites entreprises à ces marchés, nous demandons de déployer davantage l’allotissement et de simplifier les cahiers des charges.

La hausse du plafond des marchés publics sans appel d’offres est un excellent signe. Le plafond est passé de 40 000 à 70 000 euros pour le bâtiment et à 100 000 euros pour l’alimentation.

L’U2P demande que le plafond à 100 000 euros soit étendu au bâtiment et que cette hausse soit pérennisée.

Nous proposons également que soit ajoutée parmi les indicateurs des 4 axes de la rénovation énergétique (privé, public, logements sociaux, TPE/ PME), la part des petites entreprises titulaires de ces marchés de rénovation.

Au-delà de la rénovation énergétique, je voudrais présenter l’économie de proximité comme une alliée du volet écologie du plan de relance.

Alliée dans la lutte contre l’artificialisation des sols, car nos métiers sont compatibles avec une ville plus compacte et plus attrayante - plus que ne l’est la grande distribution.

Alliée pour intensifier les circuits de proximité qui sont inscrits dans nos gènes.

Alliée pour développer l’économie circulaire : nous prenons nos responsabilités en matière de gestion des déchets et nous apportons notre contribution à l’allongement de la durée de vie des biens, notamment des équipements électriques et électroniques.

Troisième enjeu : l’enjeu numérique.

Il est crucial pour nos entreprises de proximité. Je le dis en tant que Président de l’U2P et aussi en tant que chef d’entreprise.

3 millions d’entreprises digitalisées peuvent constituer un levier considérable.

Tous les relais devront être mobilisés : France Num, dont nous sommes partenaires, mais aussi toutes les organisations professionnelles.

Sur ce sujet, il est question d’aides directes.

A l’U2P, nous croyons à la valeur ajoutée des corps intermédiaires - organisations professionnelles ou chambres consulaires - qui peuvent orienter et conseiller les entreprises.

Cette numérisation ne doit pas seulement viser la commercialisation à travers le développement de la vente en ligne.

Elle doit aussi accompagner la transformation de la production, de la gestion de l’entreprise...

Beaucoup d’aspects de nos métiers sont concernés. En tant que prothésiste dentaire, j’en sais quelque chose en matière d’impression 3D.

La crise sanitaire a révélé que le recours au numérique offre une solution majeure à la continuité de l’activité et crée des synergies entre les différents acteurs.

Cette mesure phare du plan de relance est un premier pas pour aller vers la digitalisation généralisée de nos entreprises, rendue possible grâce à l’objectif de développement du numérique sur tout le territoire.

Tous les locaux, habitations et locaux professionnels, doivent être raccordés au très haut débit en tous points du territoire.

Quatrième enjeu : restructurer 6000 commerces d’ici 2025.

Je veux parler du développement économique local et du plan de relance de la Banque des territoires incluant la constitution de 100 foncières.

La croissance de la vacance commerciale est une préoccupation majeure de l’U2P.

Nous nous félicitons de l’investissement supplémentaire de 100 millions d’euros prévu par le gouvernement au capital d’une centaine de foncières territoriales.

Cet investissement complète les 200 millions d’euros déjà prévus pour le développement de foncières dans le programme Action Cœur de Ville.

Et nous approuvons que l’action de ces foncières s’inscrive dans une stratégie globale de redynamisation d’un centre-ville.

Notre vigilance porte sur la gouvernance : les activités de proximité doivent primer sur la grande distribution pour réussir le sauvetage de nos centres-villes et centres-bourgs.

A cet égard, l’U2P se félicite de la mise en place, confirmée par le Premier Ministre, d’un moratoire pour l’installation de nouveaux projets de centres commerciaux dans les zones périurbaines.

Cette mesure, attendue par toutes les entreprises de proximité, est en effet indispensable.

Comme tu l’as dit, on ne peut pas d’un côté engager une politique globale de dynamisation de l’installation en centre-ville des activités de proximité, et de l’autre, autoriser des projets de grandes surfaces en périphérie.

La réussite de cette politique sera conditionnée à l’association des organisations professionnelles dans la mise en œuvre des projets.

Nous voulons contribuer à l’émergence de nouveaux écosystèmes qui donnent toute leur place aux activités de proximité.

Le cadre de vie est une chose, des rues pavées, éclairées, où il fait bon se déplacer sont importantes, mais l’aide doit aller à des projets d’implantation d’activités.

Pour conclure, je reprendrai un mot de Bruno Le Maire : celui de confiance.

Confiance du gouvernement envers les entreprises, pour avoir renoncé avec pragmatisme à la conditionnalité des mesures.

Confiance des Français envers le gouvernement pour accepter de mobiliser leur épargne au service de la relance de l’économie.

Tu le sais, la confiance fait partie des valeurs de la proximité.

Nous serons au rendez-vous de l’exécution du plan de relance, comme premier acteur de l’économie des territoires.

Tu es ici en terrain de confiance.

 

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