Alain GRISET - "le MEDEF et la CPME ne sont pas à la hauteur"

Le président des artisans et des indépendants veut reprendre la discussion avec les syndicats sur la formation.

Alain Griset, le président de IU2P (Union des entreprises de proximité), représente les artisans, les commerçants et les indépendants. Il fait le point sur les négociations sociales en cours.

LE FIGARO. -La réforme de l'assurance-chômage, en cours de négociation, vise à ouvrir un droit à indemnisation aux indépendants. Pourquoi l'U2P y est opposé ?

Alain GRISET. Nous n'avons jamais demandé à bénéficier de l'assurance-chômage. Emmanuel Macron s'y est toutefois engagé durant la campagne présidentielle en excluant toute cotisation pour les indépendants. Maintenant, il ne faut pas que ce soit « open bar », au risque d'avoir une explosion des personnes ayant recours à ce droit. On ne le souhaite pas, et on voit en outre un risque de ternir l'image très positive des entreprises artisanales, commerciales et libérales. En effet, si de nombreux travailleurs indépendants peuvent avoir droit à l'assurance-chômage sans cotiser, les Français vont dire qu'ils profitent du système. Par ailleurs, il n'est pas question de prévoir un régime spécifique pour les personnes dites « économiquement dépendantes » (ayant lien de subordination avec une plateforme ou un donneur d'ordres, NDLR), très difficiles à identifier. Soit on est indépendant, soit on est salarié.

La lutte contre le recours excessif aux contrats courts, via une hausse des cotisations patronales, est le sujet le plus conflictuel. Quelle est votre position ?

Les entreprises tels que les restaurants et les traiteurs qui utilisent des contrats courts pour répondre à des commandes spécifiques — des extra - ne doivent pas être pénalisées par une taxe. En revanche, celles qui recourent aux contrats courts sans justification réelle doivent être sévèrement sanctionnées. Je pense, par exemple, à la grande distribution.

La négociation sur la réforme de l'apprentissage est au point mort. Le Medef et la CPME craignent que l'exécutif ne revienne sur son idée de retirer aux régions le pilotage de l'apprentissage pour le confier aux branches. L'U2P n'est pas unie dans ce combat. Pourquoi ?

Le Medef et la CPME ne sont pas à la hauteur des enjeux de la réforme. Ce n'est pas sérieux de bloquer la négociation, il en va de la responsabilité des partenaires sociaux. Si les deux continuent, nous proposerons aux syndicats de reprendre les discussions. La tuyauterie financière n'est pas l'essentiel de cette réforme qui vise à développer l'apprentissage en France.

 

La position de IUP diffère de celle du Medef sur, justement, la tuyauterie. Pourquoi ?

L'U2P n'est pas opposée à un financement via les branches. En revanche, pour les CFA interprofessionnels et multi-branches, les régions doivent garder la main. C'est du pragmatisme. Tous les centres de formation d'apprentis (CFA), qui forment en particulier aux métiers de l'artisanat, sont des CFA enseignant différents métiers, comme la boulangerie, la pâtisserie ou la coiffure. Et je ne vois pas comment ces CFA seront financés à moins de solliciter plusieurs branches, ce qui s'annonce complexe voire impossible. Nous demandons au Medef de respecter notre secteur qui forme six fois plus d'apprentis que les grandes entreprises !

Les régions veulent également un droit de véto sur l'ouverture de CFA et des sections par les branches. C'est non négociable pour le Medef. Et pour l'U2P ?

Les branches doivent jouer un rôle prédominant dans l'apprentissage. Toutefois, il existe un risque que les CFA s'installent davantage dans les lieux très peuplés au détriment des territoires plus ruraux. Les régions et les branches doivent donc échanger et trouver des solutions ensemble pour assurer l'équilibre des territoires. Ce qui passe par de la concertation et non par un droit de véto.

 

par Manon Malhère E@ManonMalhere

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